La langue des signes devrait-elle être obligatoire à l’école ?
- 03 aout 2022
D'une langue de "singeries" à une langue universelle ?
Au Moyen Age, la langue des signes était utilisée par les moines qui avaient fait vœu de silence. L’abbé de l’Épée, un prêtre entendant, créa le premier enseignement à Paris en 1760.
Plus d’un siècle plus tard, en 1880, le Congrès de Milan considère le langage des signes (LSF) comme un idiome simiesque qui ne permet pas de parler de Dieu et qui, en empêchant de respirer correctement, favoriserait soi-disant la tuberculose.
L’utilisation de la langue des signes est prohibée à l’école et ce n’est qu’en 1991, après des années de lutte, qu’elle est de nouveau autorisée !
Un an plus tard, le caractère officiel de la LSF est inscrit dans la Constitution française.
En 2022, pensez-vous que nous devrions tous apprendre les bases de la LSF à l’école ?
La question de ZoeM a fait réagir de nombreux membres de la communauté yoomaneo. L’ensemble des commentaires sont en faveur d’une initiation à la langue des signes à l’école. Toutefois, si certains militent pour un apprentissage obligatoire de la LSF au même titre que le français, d’autres imaginent une incorporation plus discrète, en tant que module occasionnel facultatif.
Oui, il faudrait que tout le monde ait des notions de langue des signes dès l’école. Cela permettrait à n’importe quel entendant de pouvoir engager un début de communication avec une personne sourde qui pratique aussi la LSF. Car tous les sourds ne savent pas signer ! – Elie
La langue des signes est une langue officielle de France, donc pour moi devrait être obligatoire comme le français – Verkeo
Je pense que ca devrait être proposé en tant que cours facultatif à l’école en langue, ou bien une sorte de séminaire une ou deux fois à l’année pour que enseigner les bases mais pas comme une langue obligatoire non plus ! – Majoub
Pourquoi enseigner la langue des signes au plus grand nombre ?
Introduire la langue des signes à l’école est perçu, par la majorité des membres, comme un acte inclusif qui génèrerait une meilleure compréhension de l’autre et qui, par conséquent, réduirait les sentiments de rejet et les éventuels conflits qui pourraient en découler.
Cela permettrait d’éviter les discriminations et de mieux se comprendre et se respecter. – Nath
Pour démocratiser le langage des signes, ce qui rend la population à la fois plus consciente, tolérante et empathique, tous les moyens sont bons. – Majoub
Cela permettrait de relativiser et rationaliser notre rapport aux autres plutôt que de ranger chaque individu dans les cases « comme moi » ou « différent ». – MCO
En France, 6% des 15-24 ans sont concernés par la déficience auditive incapacitante, ainsi que 65% de la population âgée de 65 ans et plus, indique le rapport 2020 de l’OMS.
Cette déficience auditive a des répercussions importantes sur la vie quotidienne. D’ailleurs, comme certains membres de la communauté le soulignent :
A 50 ans, une personne sur cinq a de légères difficultés auditives. A 80 ans, il s’agit d’une personne sur deux. Je pense qu’au-delà d’enseigner les bases de la langue des signes, il faudrait également sensibiliser la population. Que les gens sachent quels sont les “bons” comportements à adopter avec des personnes ayant des difficultés auditives peu marquées mais qui affectent quand même leur vie de tous les jours – Marion
Au-delà de la langue des signes : Les vertus de la communication non verbale
L’attitude corporelle et les expressions faciales donnent des informations précieuses sur la manière de transmettre et d’interpréter un message. L’état d’esprit et les émotions n’ont souvent pas besoin de mots pour être interprétés par autrui.
Plus que d’enseigner la langue des signes, qui sera un enseignement très enrichissant, mais malheureusement peu utilisé au quotidien, je pense qu’il faudrait aller à peine plus loin mais plus large : enseigner la communication à son état le plus simple.
Cette communication que n’importe quel humain […] va utiliser dans une situation où il va tenter de communiquer avec un individu dont la langue lui est parfaitement inconnue […] ou pour aborder une autre espèce animale. Ainsi, nombre de signes issus de la langue des signes seraient sans doute enseignés mais également nombre d’autres moyens non verbaux. – MCO
Être conscient de ce langage non-verbal et savoir le maîtriser est essentiel pour réduire les discriminations sociales et générer une meilleure communication entre sourds et entendants de diverses cultures… et espèces, car le langage non-verbal concerne véritablement tout le monde !
L’école, loin d’être l’unique canal d’apprentissage
Pour améliorer nos capacités à communiquer avec autrui et afin de démocratiser la langue des signes, l’école n’est pas le seul espace pédagogique existant.
Depuis quelques années, tous les discours du président ou du premier ministre ont été doublés avec une personne parlant la langue des signes. Bravo ! – Nath
Les médias et les arts offrent une alternative à l’école pour démocratiser la langue des signes. Je pense en l’occurrence au Visual Vernacular, une forme de spectacle à la croisée des arts scéniques et visuels (et accessibles aux sourds comme aux entendants ! ) – Majoub
Les exercices de base de placement sur une scène ou d’interactions définies dans cet espace (dès que vous croisez quelqu’un,dites lui bonjour avec un sourire…) sont une base ludique et fondamentale. – MCO
Merci à Nath, Majoub, Verkeo, MCO et Elie pour leur participation !
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Un article rédigé par Marion.